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La Route des Fresques

9 mai 2016

Chartreuse de Galluzzo

Chartreuse Saint-Laurent de Galluzzo, Florence.

1523-1525. Cycle de cinq fresque des Scènes de la Passion. Loggia du cloître de la chartreuse.

Fresques de Jacopo Pontormo (1494-1557)

La Christ devant Pilate

La Montée au Calvaire

La Déposition de Croix

La Prière au Jardin des Oliviers

 La Résurrection

 

 

 

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18 juin 2007

Les étapes toscanes sur la route des Fresques

toscana

17 juin 2007

Sur Vasari

Giorgio Vasari : explication de fresques

         

LE MONDE DES LIVRES du 14.06.07         

                                         

                                                      
                  
                  






               
                  

Quand il ne peignait pas, Giorgio Vasari écrivait. Le plus souvent, c'était sur les autres : on doit à cette abnégation ses Vies, le plus monumental ensemble de biographies d'artistes jamais compilé, et le plus précieux. Mais il écrivait aussi sur lui-même et son oeuvre : ce sont les Ragionamenti, les Entretiens, dont le principal sujet est les travaux qu'il accomplit dans le Palazzo Vecchio de Florence, de 1555 à 1572.

 

Après avoir réorganisé le bâtiment, Vasari le décore largement de fresques, des appartements privés de la famille Médicis au grand salon. Or, dès 1557, il lui vient une idée singulière : expliquer son travail, salle par salle, mur par mur, afin qu'aucune subtilité du programme iconographique, aucune allusion mythologique ou morale ne demeure inaperçue. Pour cela, il imagine, sur le modèle platonicien, un dialogue entre lui-même et le fils du prince Cosme Ier, Francesco. Ensemble, ils visitent le Palazzo Vecchio et, didactique, minutieux, intarissable, le peintre révèle à son jeune élève - qui est d'abord le fils de son maître et son futur maître - les finesses et merveilles de son oeuvre.

Pour cela, il faut 14 dialogues, répartis en trois journées : l'écrivain n'est pas moins prolifique que le fresquiste. En 1558, le texte est déjà largement composé - quinze ans avant les dernières peintures. En 1567, il est prêt pour l'impression. Mais Vasari la remet à plus tard : encore des salles à peindre, encore des Vies à reprendre et compléter. En 1574, les Ragionamenti ne sont toujours pas imprimés. Ils paraissent en 1588, grâce à un autre Giorgio Vasari, le neveu du grand.

Est-ce l'effet d'une parution posthume ? Ou la longueur considérable des dialogues ? Ou la gloire des Vies ? Les Ragionamenti ont été passablement négligés et sont traduits en français pour la première fois par Roland Le Mollé, qui est aussi le préfacier et l'annotateur de ces dialogues. La modestie n'en est pas la qualité première. Vasari compose son éloge autant que celui de son commanditaire : à mécène illustre, artiste illustre. Leurs gloires s'épaulent. Vasari ne se contente pas de le sous-entendre : il aurait même tendance à le rappeler plus souvent que nécessaire.

Mais le texte n'en reste pas moins très instructif. Vasari y donne des leçons de décryptage des allégories, symboles et autres personnifications qui peuplent ses fresques et, par ce seul fait, permettent de mesurer tout à la fois l'immensité du savoir du peintre et les difficultés qu'un visiteur contemporain peut rencontrer dans l'interprétation de systèmes complexes où rien n'est là par fantaisie, pas même un arbre ou un groupe au fond d'un paysage. Les reliefs d'un champ de bataille, les fortifSications de la ville, les armes et les manoeuvres, les capitaines : il faut que tout soit juste et qu'une peinture puisse être étudiée comme un récit exact et complet.

Et pour cela, il faut que le dessin, la couleur, la composition, tout contribue à la lisibilité et à l'harmonie : les Entretiens sont donc semés aussi de remarques sur la peinture, ses techniques et leurs particularités, ses genres et leurs difficultés, ses maîtres et leurs héritages. Ce ne sont pas les moments les moins intéressants de cette conversation folle.


ENTRETIENS DU PALAZZO VECCHIO de Giorgio Vasari. Introduction, traduction de l'italien et notes de Roland Le Mollé, Les Belles Lettres, 308 p., 45 €.

6 février 2007

Fresques du Primatice

Dans le Figaro du 20 janvier 2007, Véronique Prat mentionne la restauration et l'attribution de fresques au Primatice. Il s'agit de fresques dans une chapelle proche de Fontainebleau, peintes au temps de François Ier. Lire l'article

8 janvier 2007

Gaudenzio Ferrari à Varallo




Gaudenzio FERRARI a réalisé en 1513 à Varallo Sesia (Provence de Vercelli) un ensemble de fresques. Dans l'église Santa Maria delle Grazie le cycle de la Vie du Christ est constitué d'une vaste scène de la Crucifixion encadrée de vingt sujets de plus petit format.

ensemble_fresque


Si j'en parle aujourd'hui, c'est parce qu'un site italien vient de mettre en ligne une gigantesque image haute définition que vous pourrez examiner jusque dans les moindres détails en zoomant. Il est possible d'en faire des copies d'écran (à dimensionner ainsi sur Mac OS : Maj+Alt+4).

Démonstration avec la vignette située à droite de la Croix :

christ


Enfin, un gros plan sur le visage du Christ :

T_te_Christ

Le merveilleux site qui va recevoir votre visite est : <http://haltadefinizione.deagostini.it/>
  Cliquez sur ce lien pour accéder à cette reproduction d'œuvre d'art qui serait, d'après la presse, la plus grande image mise en ligne (8,6 Go)!





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14 décembre 2006

Des fresques romaines du Duecento

 

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ROME : LES QUATRE SAINTS COURONNÉS

la "Cappella Sistina del Duecento"

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Un cycle de fresques, peintes entre 1230 et 1250, a été découvert aux Quatre Saints Couronnés (Chiesa dei Santi Quattro Incoronati del Cielo) et des spécialistes ont donc osé la comparer à la Chapelle Sixtine !

A priori cet édifice, monastère des sœurs Augustines, n'a rien de très passionnant à l'extérieur :

santi_coronati

 

En revanche à l'intérieur ce couvent est riche de fresques. Celles que l'on vient de restaurer pour une ouverture au public en mars 2007 s'étendant sur 335 mètres carrés dans la salle gothique (Aula gotica). Elles ont été présentées en décembre 2006 après neuf années de travail sous la direction d'Andreina Draghi. Pendant près de huit siècles elles sont restées ignorées, parfaitement protégées par des couches d'enduit et de faux marbre.

Les murs et plafonds d'une grande salle sombre et voûtée s'ornent de fresques presque complètes aux tons flamboyants de bleu, pourpre, vert et or, représentant les quatre saisons, les signes du zodiaque et les constellations, mais également les vices et les vertus, particulièrement la Justice. Elles pourraient avoir été exécutées par le troisième Maître d'Anagni.

« Elles comblent un grand vide, explique l'historien d'art Francesco GANDOLFO, car elles ont été réalisées à une époque où les équipes extraordinaires qui travaillaient à Subiaco et à Anagni ne semblaient pas l'avoir fait à Rome ». La découverte permet de corriger l'histoire de la peinture qui, depuis Giorgio Vasari, faisait de Rome un simple satellite de Florence : « On savait que le XIIIème siècle parlait toscan, la langue de Cimabue et de Giotto, mais avec la découverte de ce cycle, la balance se rééquilibre en faveur de Rome. On lit son rôle historique à Assise, concentré des idées florentines et romaines », estime l'historien cité par le journal Le Monde du 14 décembre 2006.  Pour lui, il n'y a plus de doute : « Nous savons maintenant pourquoi Cimabue est venu à Rome en 1272.»

 

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Sept siècles avant Picasso, une tête et trois nez… pour quatre saints ? Je suis en attente d'une véritable interprétation. On m'a proposé ceci : Le visage aux 3 cotés est celui du mois de Janvier qui peut rappeler Janus aux deux faces, ainsi que la Trinité!

 

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En revanche la lecture de cette représentation du thèmes des mois et des jours est plus facile. Octobre, mois des vendanges.

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Le détail mis en première page par Le Monde.

 

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Le monastère, proche du Colisée, est connu pour son cloître réouvert au public en 2006; il a fait partie du réseau d'instutitions catholiques qui ont caché des Juifs durant la seconde guerre mondiale. Les Quatre Saints Couronnés possèdent d'autres fresques, ultérieures. Celles, naïves, de la chapelle saint Sylvestre notamment.

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Chapelle Saint Sylvestre : voir photos de G. Rinaldi 

 

Sources :

- Le Monde du 14 décembre 2006 (Jean-Jacques Bozonnet)

- 20 Minutes du 14 décembre 2006

- site web ANSA Turismo Lazio

29 septembre 2006

La Libreria Piccolomini



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LA LIBRERIA PICCOLOMINI
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Il ne s'agit pas du Palazzo Piccolomini : la Libreria est une annexe du Duomo, fondée en 1495 par le cardinal Francesco Piccolomini Todeschini, le futur PIE III (qui régna 25 jours en 1503), pour conserver la bibliothèque de son oncle PIE II.
La famille siennoise Piccolomini fut aussi illustrée par des humanistes au XVIè siècle, Alessandro et Francesco.

Les fresques qui décorent cette grande salle rectangulaire et lumineuse, joie des photographes et des amateurs de Renaissance, ont été réalisées dans les années 1505-1505 par le Pinturicchio. Les photos sont de Fabrice Rousseau (sauf exceptions marquées *)

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L'extrordinaire plafond de la bibliothèque


Qui était donc Pie II ?

Ces fresques sont très colorées et pleines d'intérêt documentaire. Elles narrent la vie du pape Pie II, alias Eneas Silvio Piccolomini (1405-1464). Ce poète et humaniste (Enée !) entra dans les ordres en 1446 après avoir été au service, en Italie et hors d'Italie, d'un poignée d'évêques, d'un antipape et d'un empereur. Devenu Pie II en 1458 il prêcha à Mantoue une croisade contre les Turcs. Sa ville natale, non pas Sienne mais Corsignano, fut son son pontificat remaniée en ville-modèle et rebaptisée : Pienza.

Revenons en 1431. À cette date, un cardinal le prit comme secrétaire pour aller au concile de Bâle. Félix V lui donna le même emploi. En 1442 il passa au service de l'empereur Frédéric qui l'envoya ambassadeur à Rome, à Naples, à Milan, en Bohême. Le pape Eugène IV le prit à son service. Nicolas V lui conféra l'évêché de Trieste puis celui de Sienne. Calixte III en fit un cardinal. Puis le 14 août 1458 il fut élu pape dans un contexte religieux apaisé par la fin du Grand Schisme d'Occident. Mais, dix ans après la prise de Constantinople par les Turcs, il lança l'appel à une nouvelle croisade dont il voulait prendre la tête. Il avait réuni pour cette expédition 50.000 écus d'or. Arrivé à Ancône, atteint par une "fièvre", il y mourut le 14 août 1464.

L'Italie recevait à cette époque de nombreux érudits venus de Grèce, fuyant les Turcs. Lui-même, outre des ouvrages religieux, commit une "Histoire des Bohémiens", des "Mémoires" et un roman en vers, Euryale et Lucrèce, traduit et publié à Paris, vers 1500, par Octavien de Saint-Gelais et caractérisé —paraît-il— par l'abus des allusions mythologiques.


Les fresques du Pinturicchio


Suite à un premier contrat avec le cardinal Francesco Piccolomini, Bernardino di Betto dit le "Pinturicchio", né à Pérouse en 1454, a conçu le décor du plafond en 1502 et ses élèves l'ont réalisé. Après la mort de Pie III en novembre 1503, un nouveau contrat fut conclu, avec un frère du défunt pape et le Pinturicchio réalisa ainsi entre 1505 et 1507 les dix épisodes de ces fresques murales. Les fresques démarrent avec l'arrivée d'Énée Silvio Piccolomini au concile de Bâle jusqu'au moment où, devenu Pie II, il reçoit au port d'Ancône les galères des croisés.

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Vue du côté gauche

1 - Le départ pour le concile de Bâle

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Embauché comme secrétaire du cardinal Domenico Capranica, qu'on reconnaît à la couleur de sa tenue, Énée entame ici sa carrière diplomatique en allant participer au concile de Bâle. On admire le cheval blanc du premier plan qui porte notre héros. La scène se passe sans doute au petit port de Talamone, au large on aperçoit l'île de Giglio.


2 - Enée Piccolomini et le concile de Bâle

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Piccolomini est chargé d'organiser le concile de Bâle, il se rend auprès de Jacques Ier, roi d'Écosse, pour obtenir son soutien contre le roi de France Charles VII. Pour le Pinturicchio, ce n'est pas un sujet folichon : aussi le paysage arboré en arrière-plan est-il particulièrement soigné.


3 - Énée Piccolomoni est couronné poète par Frédéric III

À cette époque Énée Silvio Piccolomini est officiellement le légat de l'antipape Félix V auprès de l'empereur Frédéric III.


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La scène est marquée par l'opposition entre l'étrange palais vide à l'arrière-plan et l'assistance de la cérémonie. On note les beaux pages du premier plan !


4 - Il fait acte de soumission à Eugène IV

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L'empereur a chargé Piccolomini de rétablir de bonnes relations entre l'Empire et le Saint-Siège ; aussi la scène montre Piccolomini reçu par Eugène IV et lui baisant les pieds. L'épisode n'est pas très intéressant du point de vue esthétique ; l'image est alourdie par la perspective, notamment avec cette espèce de plafond à caissons.


5 - La rencontre de Frédéric III et d'Éléonore d'Aragon

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Jusqu'à présent, dans ces fresques, on pouvait noter un lourd déficit d'images féminines. En voici une relative compensation. Le mariage princier a été préparé par Énée Piccolomini. La rencontre a lieu Porte Camollia par où l'on arrivait à Sienne en venant de Florence. Le peintre en fait le prétexte à une "veduta" où l'on peut reconnaître le Duomo, avec sa tour et sa coupole :

porte_Camollia(*)

Au centre la colonne commémorative représente les armoiries des époux.


6 - Énée Piccolomini reçoit le chapeau de cardinal

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Entre nous, il l'a bien mérité ! On est en 1456, c'est le pape Calixte III qui est le successeur de Pierre. Dans cette fresque, le fond à dominante foncée contribue à mettre en valeur les nombreux personnages. Et, art subtil, le tableau dans le tableau ! Une madonne entre deux saints.

7 - Énéo Piccolomini est couronné Pape sous le nom de Pie II

023(*)

Le nouveau pape est sous le baldaquin aux armes de la famille Piccolomini. La foule est compacte. La scène doit se passer à la basilique du Latran.

8 - L'assemblée de Mantoue où Pie II prêche la croisade

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La scène de Mantoue est très intéressante : avec cette assemblée sous des arcades, en vue d'un beau paysage, c'est presque une partie de campagne. On peut admirer la diversité des attitudes des personnages présents. On ne dirait pas que l'heure est grave car le Turc menace la chrétienté (des nuages dans le ciel aussi).
Au premier plan, les secrétaires chargés des documents administratifs constituent une remarquable
série de têtes.

9 - La canonisation de Catherine de Sienne

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La scène date du 29 juin 1461. On voit la dépouille de la sainte dont la maison natale est toujours visible à Sienne. Selon certaine légende, le personnage en bas à gauche serait Raphaël Sanzio...


10 - Pie II à Ancône pour le départ de la croisade

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Selon les spécialistes, le personnage agenouillé à gauche est le doge Cristoforo Moro, en face de lui figure le prince de Samos, Hassan Zaccaria. À droite, Calepino Bajazet, dit "il Turchetto", élégant otage du Pape.
Le scène se tient donc à Ancône, qu'on voit au loin. Pie II y arrive le 18 juin, il tombe malade et meurt peu après, le 15 août 1464.

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Outre ces dix tableaux représentant "les faits les plus mémorables de la vie de Pie II", le Pinturicchio en fit un onzième, Le Couronnement de Pie III, situé à l'extérieur de la Libreria.

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Le Pinturicchio mourut à Sienne le 11 décembre 1513. Il y avait réalisé son chef-d'œuvre, malgré l'absence de ces beaux portraits féminins qui sont si souvent la base de la notoriété des artistes du Cinquecento !



Pour compléter :

Site de Frida De Salve (textes anglais et italien) et photos de B.Balestrini (les dix épisodes et des agrandissements)


22 septembre 2006

La Chapelle Bacci à Arezzo




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Les fresques de Piero della Francesca
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C'est à Arezzo que fut tourné le début de la "La vie est belle" de Roberto Benigni. On y voit la "Piazza Grande" :

Arezzo___Piazza_Grande
Arezzo - Piazza Grande
(L'église que l'on voit ici est la Pieve di S. Maria)

Mais Arezzo, sur son acropole à l'Est de la Toscane, quasiment en Ombrie, est traditionnellement connue pour les fresques qu'y peignit Piero della Francesca (1420-1492) sur le thème de la "L'Invention de la Vraie Croix" d'après la "Légende Dorée" de Jacques de Voragine.

Ces fresques se trouvent dans la chapelle Bacci —du nom d'une famille de marchands d'Arezzo—qui est dans le chœur de l'église San Francesco, dont la façade est restée brute. Le chantier avait été commencé par Bicci di Lorenzo, mais il mourut aussitôt, en 1452. Piero della Francesca prit alors le relais et y travailla sans doute jusqu'en 1458 date à laquelle il partit pour Rome. Un séisme et des dommages survenus au XVIè siècle, des infiltrations d'eau, avaient endommagé certaines fresques, comme la Mort d'Adam. Les fresques ont été restaurées en 2000. En voici la vue générale :

PIERO___Chapelle_Bacci___Arezzo
Vue générale de la chapelle Bacci


Disposées autour d'une croix du XIIIè siècle, les fresques n'y sont pas disposées selon l'ordre chronologique de l'histoire de la Croix. Les épisodes sont réunis par paire : exemple C et E (scènes peintes sur les côtés de la fenêtre derrière la grande croix du XIIIè s.), ou encore F et I, les deux scènes de batailles, et les deux lunettes : alpha et omega de cette histoire.

L'ordre logique et chronologique —que l'on suit ici— devrait être le suivant :
    A - Mort et sépulture d'Adam
    B -
La reine de Saba rend visite au roi Salomon
    C - La poutre sacrée sauvée du pont du Siloé

    D - L'Annonciation
    E - Le rêve de Constantin
    F - La bataille du pont Milvius
    G - La Torture du Juif
   
    H - Hélène et l'Invention de la vraie Croix
    I - La victoire d'Héraclius sur Chosroès
    J - Héraclius rapporte la Croix à Jérusalem


Les panneaux de la fresque


PIERO___Mort_d_Adam___Arezzo
A - La Mort d'Adam

La fresque de la lunette du côté droit, sur plus de 7 mètres de large, montre à droite Adam mourant avec Ève et leur fils Seth près de lui. Âgé de 930 ans, Adam prie son fils de se rendre à la porte du paradis terrestre afin de demander à l'ange gardien l'huile de la miséricorde qui le ramènerait à la vie.

À l'arrière-plan, Seth parle donc avec l'ange qui refuse l'huile mais remet un rameau de l'arbre du Bien et du Mal avec ordre de le planter aussitôt Adam décédé. L'arbre qui en poussera fournira le bois de la Croix sur laquelle Jésus subira la Passion.

Au centre on voit les descendants en foule autour de la dépouille d'Adam où est planté le rameau de l'arbre en question. Et cet arbre occupe le centre de la fresque.

À l'extrême gauche, un couple enlacé. Hercule, qui prend dans ses bras Alceste, était considérée en cette époque de fusion entre christianisme et culture grecque antique, comme une préfiguration du Christ pour avoir ramené à la vie une femme en la sauvant des enfers.

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B- La reine de Saba rend visite au roi Salomon

L'arbre qui a poussé sur le tombeau d'Adam est abattu sur ordre du roi Salomon pour servir de bois d'œuvre. Destiné d'abord à la construction du Temple il est finalement affecté à celle d'un pont. Bientôt Salomon l'en fera retirer.

Alors la Reine de Saba arrive et s'agenouille devant cette poutre de bois, avec la prémonition qu'il servira à fabriquer la croix de la passion de Jésus. Autour d'elle, ses dames d'honneur sont évidemment vêtues à la mode du Quattrocento. Puis, à droite la Reine rend visite à Salomon en son palais.

On retrouve ainsi un bel alignement de personnages, encore plus nettement alignés que dans la frise précédente. Les scènes de Piero della Francesca sont conçues comme des travellings ! Séparant les deux parties de cet épisode, une colonne à chapiteau corinthien, comme dans l'Annonciation (voir ci-dessous figure D) ou comme dans la Flagellation du Christ (1469). S'il faut y voir une allusion à l'actualité du temps dès lors que ces fresques sont datées de 1452 à 1458, ce serait allusion à la tentative d'union des Églises d'Orient et d'Occident (=grecque et latine)…


Détails : le roi Salomon et la reine de Saba

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La reine serre la main du roi et ne le regarde pas, impressionnée qu'elle est par ce souverain et par la prémonition qu'elle vient d'avoir. La tête de la reine est représentée symétriquement et exactement avec la même inclinaison à gauche comme à droite de la fresque.

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C - La poutre sacrée sauvée du pont du Siloé

Après le passage de la reine de Saba, touché par sa prémonition, le roi ordonne aux ouvriers de retirer le bois sacré du pont sur le Siloé. On voit ici que les nœuds du bois forment comme une auréole sur la tête de l'un d'eux, manière d'indiquer la destination finale de ce morceau de bois.

Cette fresque et celle de "la Torture du Juif" viennent sans doute de cartons dessinées par Piero della Francesca, mais ce n'est lui qui les a peintes. Il s'agirait de son collaborateur Giovanni da Piemonte.

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D- L'Annonciation

L'épisode de l'Annonciation ne fait pas partie en principe de la Légende de la Vraie Croix. Mais ça permet au peintre de mieux la faire comprendre puisque c'est l'Incarnation du Christ qui donne son sens à l'ensemble du récit.
Comme dans de nombreuses autres figurations de l'Annonciation, on a séparation entre Marie et l'ange Gabriel constituée par la colonne centrale, symbolique. Dieu, par ses mains, émet des rayons obliques vers Marie. Dans l'autre Annonciation peinte par Piero della Francesca, celle du polyptyque de saint Antoine à Pérouse, réalisée dans les années 1440, on retrouve ces mêmes rayons dorés obliques et un décor architectural, où des colonnes jouent le même rôle qu'ici, mais Dieu fait place à la colombe de l'Esprit saint.

Détail : Marie

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Imposante, plus grande que l'ange Gabriel, Marie est vêtue de la manière habituelle : robe rouge et manteau bleu. Elle tient le Livre de la main gauche.    

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E - Le rêve de Constantin

Organisé en Tétrarchie depuis la réforme institutionnelle de Dioclétien, l'empire est gouverné par deux Augustes et deux Césars, réforme qui était censée améliorer la gouvernance et la paix. Or, Constantin, avec le titre d'Auguste, est sur le point d'aller livrer bataille contre son collègue et rival du fait de leur différence de politique religieuse.
Dans son sommeil, sous la tente, Constantin voit un ange qui lui apporte la Croix qui lui donnera la victoire.


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F - La bataille du pont Milvius

Cette fresque est très endommagée sur la partie droite où figure l'armée de Maxence, mise en déroute par la croix brandie par Constantin. La cavalerie est représentée d'une façon qui met bien en valeur les chevaux; ce qui permet de comparer cette fresque (et celle de l'autre bataille contre Chosroès) à l'œuvre de Paolo Uccello dont la Bataille de San Romano daterait de 1456.
L'empereur est représenté sous les traits de l'empereur Jean VIII Paléologue mort en 1448.
Piero della Francesca avait pu le voir à Florence à l'occasion du concile organisé pour réunifier les Églises d'Orient et d'Occident.

Détail : Constantin tient la croix à la main face à l'ennemi

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C'est la victoire de Constantin sur Maxence. On voit ici l'empereur (l'Auguste) brandissant la Croix. Constantin s'étant converti au christianisme et l'ayant légalisé par l'édit de Milan, il dépêche sa mère Hélène  en Palestine pour retrouver la Vraie Croix afin de l'installer dans son palais de Constantinople.

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G - Le supplice du Juif

Une fois à Jérusalem, Hélène apprend que le Juif Judas connaît l'endroit où la Vraie Croix est enterrée, sur le Golgotha, ainsi que les deux croix du supplice des larrons. Afin d'avouer son secret, Judas est descendu dans un puits. On voit ici un juge procédant à l'interrogatoire tandis que deux personnages actionnnent un treuil reposant sur un portique de bois.

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    H - Hélène et l'Invention de la vraie Croix

Judas a parlé. On trouve les croix. Laquelle est la bonne ? À gauche, Hélène assiste, avec ses accompagnatrices, à la présentation des croix qui viennent d'être déterrées de leur cache. Un ouvrier tient encore une bêche à la main. À droite, devant un bâtiment aux allures de construction de l'architecte Alberti, à cause des incisions de marbres polychromes, se produit un miracle qui permet d'identifier la Vrai Croix. Celle-ci, posée sur un cercueil, provoque la résurrection du jeune mort. Plus à droite, certains pensent voir une évocation de la ville natale de l'artiste : Sansepolcro en Toscane. 

Détail : le paysage urbain de Jérusalem

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En fait de Jérusalem, la ville fortifiée qui est représentée serait davantage Arezzo avec le Duomo dans le quartier le plus élevé et la Pieve plus bas.


Trois siècles plus tard :

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I - La victoire d'Héraclius sur Chosroès

Cette scène de bataille fait pendant à la celle du Pont Milvius. À l'issue de la bataille, le roi persan Chosroès, qui avait pris Jérusalem en 614 et dérobé la croix, est vaincu. En réalité il y eut une série de bataille et Chosroès ne fut définitivement vaincu qu'en 628.
La bataille est représentée comme une spectaculaire mêlée humaine avec du sang qu coule et des têtes tranchées. Dans la partie haute de la fresque, les oriflammes des troupes chrétiennes victorieuses. À droite, Chosroès est agenouillé et écoute Héraclius qui prononce sa condamnation à mort (puisque le vol de la croix est tenu pour un blasphème). Il sera décapité.

On rapporte que les membres de la famille Bacci, commanditaire de ces fresques, figurent parmi les personnages. Ceux-ci ont d'ailleurs tous des traits spécifiques.

Détail : le cavalier du premier plan.

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J - Héraclius rapporte la Croix à Jérusalem

Face à la Mort d'Adam, cette fresque montre Héraclius pieds-nus et portant la croix, c'est-à-dire faisant preuve d'humilité pour être autorisé à entrer dans Jérusalem. C'est le 14 septembre qui célèbre cet événement dans la liturgie.

Détail : les notables de Jérusalem

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Ce groupe illustre la maîtrise de Piero della Francesca pour réprésenter les tissus et les vêtements et pas seulement les extraordinaires chapeaux des personnages. L'alignement de plusieurs têtes est également typique de sa manière où l'horizontalité est fortement marquée.


En 628, les tribulations de la Croix n'étaient pas terminées. Neux ans plus tard, l'armée musulmane du calife Omar chassait les Byzantins de Jérusalem. En 1099 les croisés de Godefroy de Bouillon prenaient Jérusalem pour s'emparer à nouveau de la Vraie Croix. En 1187 elle tombait aux mains de Saladin à l'issue de la bataille de Hattin… Une histoire si romanesque que Matilde Asensi s'en est inspirée pour écrire "Le dernier  Caton" (Plon, 2006).


Le texte de Jacques de Voragine

L'Invention de la Sainte Croix
(3 mai)

Sous le nom d'Invention de la Sainte Croix, l'Église fête l'anniversaire du jour où a été retrouvée la croix de Notre Seigneur. Cet événement eut lieu plus de deux cents ans après la résurrection du Christ.

On lit dans l'Évangile de Nicodème que, un jour que le vieil Adam était malade, son fils Seth se rendit jusqu'à la porte du Paradis et demande de l'huile de l'arbre de miséricorde, afin d'en frotter le corps de son père et de lui rendre ainsi la santé. Or, l'archange Michel lui apparut et dit : « N'espère pas obtenir, par tes larmes ni par tes prières, de l'huile de l'arbre de la miséricorde, car les hommes ne pourront obtenir de cette huile que dans cinq mille cinq cents ans » — c'est-à-dire après l passion du Christ. Une autre chronique raconte que l'archange Michel offrit cependant à Seth un rameau de l'arbre miraculeux, en lui ordonnant de le planter sur le mont Liban. Une autre histoire, en vérité apocryphe, ajoute que cet arbre était le même qui avait fait pécher Adam, et que l'ange, en donnant le rameau à Seth, lui dit que, le jour où ce rameau porterait des fruits, son père recouvrerait la santé. Et Seth de retour chez lui trouva son père déjà mort; il planta le rameau sur la tombe d'Adam, et le rameau devint un grand arbre qui vivait encore au temps de Salomon.

Ce prince, frappé de la beauté de l'arbre, le fit couper afin qu'il servît à la construction du temps; mais là, on ne put trouver aucun endroit où le placer : car tantôt il paraissait trop long et tantôt trop court; et, quand les ouvriers essayaient de le couper à la longueur voulue, ils s'apercevaient ensuite qu'ils l'avaient trop coupé, de telle sorte que, impatientés, ils le jetèrent en travers d'un lac pour servir de pont. Or la reine de Saba, venant à Jérusalem pour consulter la sagesse de Salomon, et ayant à traverser le susdit lac, vit en esprit que le Sauveur du monde serait un jour attaché au bois de cet arbre. Elle refusa donc de mettre le pied sur lui et, au contraire, s'agenouilla pour l'adorer. Une autre histoire veut que la reine de Saba ait vu le bois miraculeux dans le temple même, et que de retour dans son pays, elle ait écrit à Salomon qu'à ce bois serait un jour attaché l'homme dont la mort mettrait fin au royaume des Juifs; sur quoi Salomon aurait fait enlever l'arbre et aurait ordonné de l'enfouir profondément sous terre. Et, à l'endroit où l'arbre était enfoui, se forma plus tard la piscine probatique : si bien que ce n'était pas seulement la descente d'un ange, mais aussi la vertu du bois caché sous terre, qui produisait dans cette piscine la commotion de l'eau et guérissait les malades.

Enfin l'on raconte que, aux approches de la passion du Christ, le bois sortit de terre, et que les Juifs, le voyant nager à la surface de l'eau, le prirent pour en faire la croix du Seigneur. Mais la tradition affirme, d'autre part, que la croix du Christ fut faite de quatre bois différents, à savoir de palmier, de cyprès, d'olivier et de cèdre, chacune de ces espèces servant à l'une des quatre parties de la croix, c'est-à-dire la poutre verticale, l'horizontale, la tablette placée au sommet et le tronc soutenant la croix, ou encore, selon Grégoire de Tours, la tablette placée sous les pieds du Christ. Mais jusqu'à quel point sont vraies les diverses légendes que nous venons de rapporter, c'est ce dont le lecteur jugera par lui-même : car le fait est qu'on ne les trouve mentionnées dans aucune chronique ni histoire authentique.

Après la passion du Christ, le bois précieux de la croix resta caché sous terre pendant plus de deux cents ans; il fut enfin retrouvé par Hélène, mère de l'empereur Constantin, dans les circonstances que nous allons raconter.

En ce temps-là, une multitude innombrable de barbares se rassembla sur la rive du Danube s'apprêtant à traverser e fleuve afin de soumettre à leur domination l'Occident tout entier. À cette nouvelle l'empereur Constantin se mit en marche avec toute son armée et vint camper sur l'autre rive du Danube; mais, comme le nombre des barbares augmentait toujours, et que déjà ils commençaient à traverser le fleuve, Constantin fut saisi de frayeur à la pensée de la bataille qu'il aurait à livrer. Or la nuit, un ange le réveilla et lui dit de lever la tête ; et Constantin aperçut au ciel l'image d'une croix faite d'une lumière éclatante; et au-dessus de l'image était écrit en lettres d'or : « Ce signe te donnera la victoire!» Alors, réconforté par la vision céleste, il fit faire une croix de bois, et la fit porter en avant de son armée, pus, fondant sur l'ennemi, il 'extermina ou le mit en fuite. Après quoi il convoqua les prêtres des divers temples, et leur demanda de quel dieu cette croix était le signe. Les prêtres ne savaient que répondre, lorsque survinrent des chrétiens, qui expliquèrent à l'empereur le mystère de la Sainte Croix et le dogme de la Trinité. Et Constantin les ayant entendus, crut au Christ : il reçut le baptême des mains du pape Eusèbe, ou suivant d'autres auteurs, de celles d'Eusèbe évêque de Césarée. (…)

L' Histoire ecclésiastique nous donne, de la victoire de Constantin, une autre version. Suivant elle, la bataille aurait eu lieu près du Pont Albin où Constantin se serait rencontré avec Maxence qui voulait envahir l'empire romain. Et comme l'empereur, anxieux, levait les yeux au ciel pour en implorer du secours, il vit à l'orient, sur le ciel, le signe resplendissant de la croix entouré d'anges, qui lui dirent : « Constantin, ce signe te donnera la victoire !» Et comme Constantin se demandait ce que cela signifiait, le Christ lui apparut la nuit, avec le même signe, et lui ordonna d'en faire exécuter une image, qui lui servirait d'aide dans la bataille. Alors Constantin, sûr désormais de la victoire, fit sur son front le signe de la croix, et prit dans sa main une croix d'or. Après quoi il pria Dieu que sa main, qui avait tenu le signe de la croix, n'eût pas à être tachée de sang romain. Et en effet Maxence, au moment où il traversait le fleuve, oublia qu'il avait fait miner les ponts pour triompher de Constantin, passa lui-même sur un pont miné, et se noya dans le fleuve. Alors Constantin fut reconnu empereur sans opposition; et une chronique, suffisamment autorisée, ajoute que, cependant, il hésita quelque temps encore à se convertir tout à fait, jusqu'au jour où, saint Pierre et saint Paul lui étant apparus, il fut guéri de sa lèpre et reçut enfin le baptême des mains du pape Sylvestre. D'autre  part saint Ambroise, dans sa lettre à Théodose, et l'Histoire tripartite, affirment que, même alors, il ajourna son baptême afin d'être baptisé dans les flots du Jourdain. Et c'est aussi ce que nous dit la chronique de saint Jérôme.

Mais, quoi qu'il soit de cette question, le fait est que c'est la mère de Constantin, Hélène, qui présida à l'Invention de la Vraie Croix. Cette Hélène, suivant les uns, aurait été d'abord fille d'auberge, et le père de Constantin l'aurait épousée pour sa beauté. D'autres affirment qu'elle était fille unique de Coël, roi des Bretons, que le père de Constantin l'avait épousée lorsqu'il était venu en Bretagne, et que, ainsi, après la mort de Coël, il était devenu le maître de l'île. C'est aussi ce qu'affirment les Bretons, bien qu'une autre version veuille qu'Hélène ait été de Trèves.

Arrivée à Jérusalem, Hélène fit mander devant elle tous les savants juifs de la région. Et ceux-ci, effrayés, se disaient l'un à l'autre : « Pour quel motif la reine peut-elle bien nous avoir convoqués ?» Alors l'un d'eux, nommé Judas, dit : « Je sais qu'elle veut apprendre de nous où se trouve le bois de la croix sur laquelle a été crucifié Jésus. Or mon aïeul Zachée a dit à mon père Simon, que me l'a rappelé en mourant : « Mon fils, quand on t'interrogera sur la croix de Jésus, ne manque pas à révéler où elle se trouve, faute de quoi on te fera subir mille tourments ; et cependant ce jour-là sera la fin du règne des Juifs et ceux-là régneront désormais qui adoreront la croix, car l'homme qu'on a crucifié était le fils de Dieu! Et j'ai dit à mon père : « Mon père, si nos aïeux ont su que Jésus était le fils de Dieu, pourquoi l'ont-ils crucifié ?» Et mon père m'a répondu : « Le Seigneur sait que mon père Zachée s'est toujours refusé à approuver leur conduite. Ce sont les Pharisiens qui ont fait crucifier Jésus, parce qu'il dénonçait leurs vices. Et Jésus est ressuscité, le troisième jour, et est monté au ciel en présence de ses disciples. Et mon oncle Étienne a cru en lui; ce pourquoi les Juifs, dans leur folie, l'ont lapidé. Vois donc, mon fils, à ne jamais blasphémer Jésus ni ses disciples!» Ainsi parla Judas, et les Juifs lui dirent : « Jamais nous n'avons entendu rien de pareil. » Mais lorsqu'ils se trouvèrent devant la reine, et que celle-ci leur demanda en quel lieu Jésus avait été crucifié, tous refusèrent de la renseigner, si bien qu'elle ordonna qu'ils fussent jetés au feu. Alors les Juifs épouvantés lu désignèrent Judas en disant : « Princesse, cet homme-ci, fils d'un prophète, sait toutes choses mieux que nous, et te révélera ce que tu veux connaître!» Alors la reine les congédia tous à l'exception de Judas, à qui elle dit : « Choisis entre la vie et la mort ! Si tu veux vivre, indique-moi le lieu qu'on appelle Golgotha, et dis-moi où je pourrai découvrir la croix du Christ!» Judas lui répondait : « Comment le saurais-je, puisque deux cents ans se sont écoulés depuis lors, et qu'à ce moment je n'étais pas né?» Et la reine : «Je te ferai mourir de faim, si tu ne veux pas me dire la vérité!» Sur quoi elle fit jeter dans un puits à sec et défendit qu'on lui donnât aucune nourriture.

Le septième jour, Judas, épuisé par la faim, demanda à sortir du puits, promettant de révéler où était la croix. Et comme il arrivait à l'endroit où elle était cachée, il sentit dans l'air un merveilleux parfum d'aromates; de telle sorte que stupéfait il s'écria : « En vérité, Jésus, tu es le sauveur du monde!» Or, il y avait en ce lieu un temple de Vénus qu'avait fait construire l'empereur Hadrien, de façon que quiconque y viendrait adorer le Christ parût en même temps adorer Vénus. Et pour ce motif, les chrétiens avaient cessé de fréquenter ce lieu. Mais Hélène fit raser le temple, après quoi Judas commença lui-même à fouiller le sol et découvrit, à vingt pas sous terre, trois croix qu'il fit aussitôt porter à la reine.

Restait seulement à reconnaître celle de ces croix où avait été attaché le Christ. On les posa toutes trois sur une grande place, et Judas, voyant passer le cadavre d'un jeune homme qu'on allait enterrer, arrêta le cortège et mit sur le cadavre l'un des croix, puis une autre. Le cadavre restait toujours immobile. Alors Judas mit sur lui la troisième croix ; et aussitôt le mort revint à  la vie. (…) Judas se fit ensuite baptiser, prit le nom de Cyriaque, et à la mort de Macaire, fut ordonné évêque de Jérusalem. Or, sainte Hélène, désirant avoir les clous qui avaient transpercé Jésus, demanda à l'évêque de les rechercher. Cyriaque se rendit de nouveau sur le Golgotha et se mit en prière; et aussitôt, étincelants comme de l'or, se montrèrent les clous, qu'il s'empressa de porter à la reine. Et celle-ci, s'agenouillant et baissant la tête, les adora pieusement.

Elle rapporta à son fils Constantin une partie de la croix, laissant l'autre partie dans l'endroit où elle l'avait trouvée. Elle donna également à son fils les clous qui, d'après Grégoire de Tours, étaient au nombre de quatre. Deux de ces clous furent placés dans les freins dont Constantin se servait pour la guerre; un troisième fut placé sur la statue de Constantin qui dominait la ville de Rome. Quant au quatrième, Hélène le jeta elle-même dans la mer Adriatique, qui jusqu'alors avait été un gouffre dangereux pour les navigateurs. Et c'est elle aussi qui ordonna qu'on fêtât tous les ans, en grande solennité, l'anniversaire de l'invention de la Sainte Croix.

L'exaltation de la sainte croix
(14 septembre)


La fête de l'Exaltation de la Sainte Croix a été instituée en souvenir d'un solennel hommage rendu à la croix du Seigneur. L'an 615, Dieu permit que son peuple fût livré en proie à la cruauté des païens. Cette année-là, le roi des Perses, Cosroës, conquérant du monde, vint à Jérusalem, et y fut frappé de terreur devant le sépulcre du Christ; mais, en s'en allant, il emporta avec lui la partie de la sainte croix que sainte Hélène avait laissée à Jérusalem. Puis, rentré dans sa capitale, il imagina de se faire passer pour dieu. Il se construisit une tour d'or et d'argent toute semée de pierreries, et y plaça les images du soleil, de la lune et des étoiles. Au sommet de la tour il recueillait de l'eau, qui montait jusque là par un conduit secret, et il la faisait pleuvoir sur la ville comme une vraie pluie. Il y avait aussi sous la tour, dans une caverne, des chevaux qui tournaient en traînant des chars, de telle sorte qu'ils semblaient ébranler la tour, avec un bruit imitant le tonnerre. Abandonnant à son fils le soin du royaume, Cosroës se retira dans cette tour, s'assit sur dans un trône, comme s'il était Dieu le Père, plaça à sa droite le bois de la croix pour représenter le Fils, à gauche plaça le coq pour représenter le Saint-Esprit, et ordonna qu'on lui rendît le culte divin.

Alors l'empereur Héraclius réunit une nombreuse armée et vint livrer bataille au fils de Cosropës sur les bords du Danube. Et les deux princes convirent qu'ils lutteraient seuls sur le pont, de telle sorte que le vainqueur pût obtenir l'empire sans aucun dommage pour l'une ni l'autre armée. Et l'on décréta que quiconque voudrait aider son prince aurait les jambes et les bras coupés, et serait jeté dans le fleuve. Mais Héraclius se recommenda à Dieu et à la sainte croix. Aussi fut-il vainqueur, après une longue lutte, et soumit-il à son empire l'armée ennemie. Tout le peuple de Cosroës se convertit à la foi chrétienne et reçut le baptême. Seul Cosroës ignorait l'issue de la guerre : car, afin d'être adoré comme un dieu, il n'admettait aucun homme à lui parler familièrement. Mais Héraclius parvint jusqu'à lui et, le trouvant assis sur son trône doré, il lui dit : « Puisque tu as honoré en une certaine mesure le bois de la sainte croix, je te laisserai la vie et le pouvoir royal si tu consens à recevoir le baptême; si, au contraire, tu t'y refuses, je te trancherai la tête!» Cosroës ayant refusé de se convertir, Héraclius tira son épée et lui trancha la tête. (…)

Il alla ensuite rapporter à Jérusalem la sainte croix. Et comme, sur son cheval royal et avec ses ornements impériaux, il descendait du mont des Oliviers, il arriva devant la porte par où était entré Notre Seigneur, la veille de sa passion. Or, voici que les pierres de la portes se joignirent de façon à former un mur. Et au-dessus de la porte apparut un ange qui, tenant en main le signe de la croix, lui dit : « Lorsque le Roi des cieux est entré par cette porte, ce n'est pas avec un luxe princier, mais en pauvre, et monté sur un petit âne : en quoi il vous a laissé un exemple d'humilité que vous devez suivre !» Puis, cela dit, l'ange disparut. Alors l'empereur, tout en larmes, se déchaussa, se dépouilla de ses vêtements jusqu'à la chemise, et, prenant la croix du Seigneur, il en frappa humblement la porte qui, se soulevant, le laissa passer avec toute sa suite. Et une odeur délicieuse se dégagea du bois sacré. Et l'empereur s'écria pieusement : « O croix plus splendide que tous les astres, célèbre et chère, qui seule as mérité de porter l'âme du monde, doux bois, clous précieux, sauvez la troupe qui se réunit aujourd'hui pour vous louer, munie de votre signe!» Et aussitôt que la croix fut restituée en son lieu, les anciens miracles se renouvelèrent. Des morts ressuscitèrent, quatre paralytiques furent guéris, dix lépreux furent purifiés, quinze aveugles recouvrèrent la vue, des démons s'enfuirent des corps dont ils s'étaient emparés; et ainsi l'empereur, après avoir reconstruit les églises et les avoir comblées de présents, revint dans sa capitale.


source : La Légende dorée, collection "Points", pages 259-265 et 512-514.




21 septembre 2006

Les fresques de San Gimignano

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SAN GIMIGNANO
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San Gimignano est connue pour être une petite ville fortifiée dans le Val d'Elsa en Toscane, et plus encore pour ses tours médiévales.


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On sait moins que Benozzo Gozzoli a œuvré à la Collegiata et surtout à l'église Saint Augustin avec un cycle des fresques situées dans le chœur. C'est l'histoire de saint Augustin —évidemment— qui figure ici en peintures de grande dimension, très détaillée et d'une rare clarté.

Agostino_confi__au_Ma_tre_de_Tagaste
Le jeune Augustin est confié par ses parents au Maître de Tagaste

Agostino_d_barque___Ostie_1465
Augustin débarque à Ostie.

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Augustin quitte Rome pour Milan
Le personnage à droite serait l'autoportrait de B. Gozzoli

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Saint Augustin donne aux moines leur règle (à droite) et
parle avec l'enfant Jésus à gauche

La comparaison de ces fresques avec d'autres du même B. Gozzoli vient aussitôt à l'esprit. On pense bien sûr à celle du Palazzo Riccardo-Medici à Florence, où figure la fresque très célèbre des Mages où figurent en fait des portraits de famille des Médicis.

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16 septembre 2006

Les fresques de Pise


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LES FRESQUES DE PISE :  LE CAMPO SANTO
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Pise !? Il n'y a pas que la Tour penchée, le Duomo et le Baptistère !
Le Campo Santo est certes beaucoup moins visité que ces monuments.

En 1203, à l'initiative de l'évêque Ubaldo, une cinquantaine de navires avaient ramené de Palestine la Terre Sainte du Golgotha pour aménager ce "Champ des Miracles" : on lui prêtait la vertu de transforer les morts en squelettes en 24 heures. À l'intérieur d'un espace organisé comme un vaste cloître gothique, les Pisans avaient édifié vers la fin du XIIIè siècle un cimetière rectangulaire grandiose pour regrouper les tombes au lieu de les disperser autour du Duomo comme c'était le cas depuis le siècle précédent, ainsi que des sarcophages antiques et des sépultures de notables pisans. Pour orner les galeries construites par Giovanni di Simone, les Pisans commandèrent des fresques sur les murs extérieurs. Des statues y ont aussi été regroupées, comme celle du célèbre mathématicien Fibonacci.

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État actuel du Campo Santo

Les bombardements alliés de l'été 1944 ont détruit une partie du monument en provoquant l'incendie de la toiture recouverte de plomb.

Campo_apr_s_bombardement campo_santo_d_but_travaux
Photographies prises par des officiers de l'armée américaine en 1945
lors de l'estimation des dégâts collatéraux (Base de données de l'université de Yale)
L'image de gauche montre la structure du Campo Santo.
Celle de droite montre le début de reconstruction du toit.


De nombreuses fresques, célèbres ou non, ont disparu, particulièrement celles de Benozzo Gozzoli. On sait aussi que Spinello Aretino (1330-1410 env.) y peignait six fresques, dont restent des fragments sur le Mur Sud du Campo Santo, représentant les miracles de Potitus et d'Ephesus — pour ces travaux il reçut 270 florins.
Mais les plus importantes fresques rescapées de cet incendie de 1944 forment le celèbre ensemble appelé "le Triomphe de la Mort".


• LES FRESQUES DISPERSÉES DANS LES GALERIES

Des fresques dues à Benozzo Gozzoli (1420-1497) ornent la Galerie méridionale. Il est surtout connu pour les œuvres commandées par les Médicis (Palazzo Medici-Picciardi à Florence), par les fresques du chœur de Sant'Agostino à San Gimignano où il a aussi participé aux fresques de la “Collegiata”.

Ici, le cycle de fresques s'inspire de l'Ancien testament, depuis la Genèse jusqu'à la visite de la reine de Saba. L'incendie de 1944 a épargné peu de choses. J'ai photographié ce qui m'a paru le plus important.
J'en ai accentué le contraste et la saturation des couleurs.

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Fresque de B. Gozzoli


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Fresque de B. Gozzoli.



• LE "TRIOMPHE DE LA MORT"

La Grande Peste s'abattit sur la Toscane en 1348 et une grande partie de la population périt. Épidémies, famines et guerres ont également sévi à cette époque. Le "Triomphe de la Mort" est l'appellation que l'on a donnée à cet ensemble de fresques aujourd'hui disposé sur trois murs d'une vaste salle. Le choc de la peste serait la raison de cette commande pour le Campo Santo.

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Mais l'auteur de ces fresques est, semble-t-il, encore inconnu. On a sans doute travaillé à ces vastes fresques dans les années 1350-1360. Les spécialistes ont cherché à attribuer ces œuvres à divers peintres. D'abord à Francesco Traini qui a été actif à Pise dans ces années. Toutefois depuis un essai de Luciano Bellosi publié en 1974 on considère plutôt que leur auteur serait Buonamico Buffalmacco dont on connaît l'activité à Pise dans la période 1315-1336 ; en conséquence cela pourrait signifier que "Le Triomphe de la Mort" aurait été réalisé avant 1348 alors que l'interprétation habituelle consiste à y voir une conséquence artistique de la Grande Peste. Par ailleurs le Jugement Dernier a été attribué à Andrea di Cione dit l'Orcagna, artiste actif entre 1344 et 1368.


Vie d'ensemble des fresques

Mur de gauche :
Le Triomphe de la Mort -proprement dit- est constitué par un groupe d'une dizaine de cavaliers dont quelques femmes, qui regarde trois cercueils ouverts avec leurs morts. «Les uns manifestent de l'effroi, d'autres de la sérénité ; les sentiments des personnes sont parfaitement exprimés, sans emphase mais avec un sens du tragique d'une grande puissance » dit le Guide bleu "Toscane". Le Triomphe de la Mort est complété (en haut à gauche) par la Vie des Pères dans le Désert, et par le Combat des Anges et des Démons, enfin en bas à droite un groupe de jeunes seigneurs insouciants avec des musiciens.

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Mur de gauche

Mur du fond - Mur de droite:
Au fond, le Jugement dernier est bien mieux conservé que la partie droite, peu utilisable.

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Mur du fond (Le jugement dernier) et Mur de droite (Ascension, etc)

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Le Jugement dernier

Quelques détails

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Un groupe de cavaliers devant les tombes ouvertes

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Zoom sur les cavaliers



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L'Enfer

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Les Damnés



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Un groupe insouciant : jeunes seigneurs et musiciens

Dieu_et_Diable
Dieu et Diable

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Un Ange très exterminateur
(détail du Jugement Dernier)

Ermites
Et enfin des ermites

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D'autres photographies des fresques du Campo Santo à consulter à :

http://commons.wikimedia.org/wiki/Camposanto_di_Pisa


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